Sermon funèbre pour une fille à naître


Mon texte “Sermon funèbre pour une fille à naître” est au sommaire de Violences #10. Le fanzine de Luna Beretta. J'aime ce fanzine pour de multiples raisons. La première parce que je fantasme Violences comme une réminiscence d'un âge d'or que je n'ai pas connu, celui de publications pré-internet obscures, de bouts de feuillets jaunes imbibés de névroses, donnant dans la déviance et le body horror, publications que j'imagine uniquement vendues dans les ruelles étroites peu commerçantes d'une grande ville, où survit un bouquiniste qui a personnellement connu William S. Burroughs. C'est la première raison : l'impression de vivre une expérience du passé, de faire parti, même subrepticement, d'un underground qui devrait être mort, oublié, fantoche, mais qui est pourtant bien là, entre mes mains, lorsque arrive par la poste mon exemplaire de Violences. La deuxième raison, c'est la couverture — trop souvent, quand je publie à droite à gauche, je ne suis pas totalement emballé par les visuels des revues ou recueils. Violences est une exception notable. J'ai un petit élan de fierté, toujours, de savoir que mon nom est écrit quelque part là-dessous, sous cette couverture réalisée à l'ancienne, sous ce lettrage, ce collage ou ce dessin. Une autre raison est l'hétérogénéité du contenu, l’alliance du graphique et du littéraire d'abord, la multiplicité des formes d'écriture ensuite. Je ne lis jamais un Violences de A à Z, mais je l'ouvre régulièrement et pique une phrase ici ou là, une idée, une inspiration, quelque chose d'inattendu que j'aurais du mal à trouver dans un autre livre, ou alors que je ne pourrais trouver que dans des livres de la trempe du déjà cité Burroughs, ou de Michael Cisco, de Lautréamont ou de Roberto Bolaño. Ça foisonne. Dans un Violences je me sens entouré d'auteurs qui ont, je crois, le même dédain que moi pour la littérature qui se contente de raconter une histoire, qui n'explore ni langage ni obsession. Une autre raison encore est la liberté qu'offre Luna — les textes ultracourts ne l'effraie pas, les textes malaisants non plus, au contraire, c'est tout le principe. Un Violences c'est une respiration dans mon travail, ça me permet de publier un petit quelque chose entre ces foutus longs projets vaguement appelés roman qui m'occupent des nuits entières, des mois entiers. “Sermon funèbre pour une fille à naître” est d'ailleurs en avant-première l'incipit de mon deuxième roman, que je suis sur le point d'achever. Bref, tout ça pour dire qu'il n'est pas totalement superflu de vous encourager à vous procurer ce nouveau Violences, le #10, tout juste sortie des presses underground de Luna Beretta.

Fanzine avec : Safia Bnf – Luna Brt – Jon Blackfox – Lörns Borowitz – Pierre Bouteille – Julien Boutreux – Antoine Brea – Marc Bruimaud –Jacques Cauda – Caleb – Henri Clerc – Théo Delil – Raphaël Eymery – Fanny Fa – Audrey Faury – Sarah Fisthole – François Fournet – Sébastien Gayraud – Tina Hype – Iuzza – Jaky La Brune – Sylvain Kermici – Alain M – Steve Martins – Clément Milian – Noban – Popier Popol – Reoseb – Mathias Richard – Yann Ricordel – Catherine Robert – Amelia Ryan – Yoann Sarrat – Schweinhund – Christophe Siébert – Snoeg Snoedal – Ssoloeil – Astrid Toulon – Lia Vé – Claire Von Corda – Emilie Woestelandt

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